L’arrêt Cardio-respiratoire
L’arrêt cardio-respiratoire est recensé plus de 40000 fois par an en France. Que cet arrêt cardiaque ait lieu dans un établissement de soins ou en milieu extrahospitalier, il nécessite une intervention immédiate et adaptée. En effet, la réalisation précoce d’un massage cardiaque permet de faire passer le taux de survie de 4.9% à 10.4%. Sa prise en charge respecte des règles précises mises en place au fil des trois dernières décennies. Ces gestes sont aujourd’hui enseignés lors de formations pour le public, PSC1 (Prévention et secours civique de niveau 1) ou pour les professionnels de santé, l’A.F.G.S.U (Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgences).
Quelques données sur l’ACR
L’arrêt cardio-respiratoire (ACR) se définit par l’arrêt de la circulation sanguine associé à un arrêt ventilatoire et une perte de conscience.
La cause est à 90% d’origine cardio-vasculaire. Pour la plupart, il s’agit d’arythmie comme la fibrillation ventriculaire, c’est-à-dire la contraction rapide, désorganisée et donc inefficace du cœur. L’application brève d’un courant électrique traversant le cœur est alors nécessaire. Il s’agit de la défibrillation.
Pour les ACR d’origine non cardiaque (noyade, insuffisance respiratoire aigüe…) l’arrêt respiratoire peut précéder l’arrêt circulatoire.
En milieu extra hospitalier, il faut savoir que 7 arrêts cardiaques sur 10 se produisent devant témoin, cependant seulement 20% interviennent. Ce qui réduit de façon significative les chances de la victime. En effet chaque minute, les probabilités de survie diminuent de 7% à 10%. Il est donc essentiel de sensibiliser la population aux gestes de premiers secours.
L’alerte, le massage cardiaque et l’utilisation d’un défibrillateur automatisé sont les trois étapes de la chaine de survie qui précèdent l’arrivée des secours. Ils pourront alors administrer des soins spécialisés.
En milieu intra hospitalier, la présence d’une équipe médicale et paramédicale formée mais aussi le matériel adapté permet de réanimer de façon précoce. Le taux de survie est alors compris entre 15% et 20%.
L’arrêt cardiaque au fil du temps…
Dans l’histoire, l’arrêt cardiaque a souvent été synonyme de mort. Cependant, avant même de connaitre les mécanismes physiologiques, les différentes civilisations utilisaient déjà des techniques de stimulation, ou d’insufflation. Dès le 16ème siècle des médecins comme Ambroise Paré (chirurgien Français) ou William Harvey (médecin Anglais) recommandaient la friction du corps, c’est-à-dire sa stimulation par massage.
Mais c’est en 1892, lors d’une anesthésie par chloroforme, que le massage cardiaque externe fût réalisé pour la 1ère fois par des Allemands, le chirurgien Dr König et son assistant S-F. Maas, sur un enfant en arrêt cardio-respiratoire.
Le massage cardiaque interne, c’est-à-dire à thorax ouvert, sera pratiqué 6ans plus tard chez un homme adulte victime d’une embolie pulmonaire, par le chirurgien français, Dr Théodore Tuffier.
La conduite à tenir suite à un ACR ne sera décrite scientifiquement qu’en 1961, par les Dr Kouwenhoven et Dr Safar.
Ces 30 dernières années, les recommandations ont évolué. Passant ainsi, d’un seul sauveteur faisant 15 compressions thoraciques et 2 insufflations en 1991, à l’intervention de 2 secouristes alternant 30 compressions thoraciques et 2 insufflations en 2005.
En 2010, date des dernières recommandations, l’insufflation n’est plus systématique.
Il est à noter qu’en 2000, le terme « massage cardiaque » laisse place à l’expression plus appropriée « compression thoracique ».
Les défibrillateurs
Longtemps réservée aux médecins (Loi datant de 1962), l’utilisation des défibrillateurs semi-automatique a d’abord été ouverte aux secouristes professionnels, pompiers et ambulanciers en 1989. Puis au grand public avec le décret du 4 mai 2007, qui les autorise à utiliser un défibrillateur automatisé externe (DAE). La loi du 29 juin 2018 vient renforcer le décret afin d’augmenter l’implantation de DAE en France. Depuis le 1er janvier 2020, les établissements recevant plus de 300 personnes ont l’obligation de s’équiper.
A ce jour, il existe donc plusieurs types de défibrillateur.
Défibrillateur manuel :
Nécessite une présence médicale afin de prendre la décision de délivrer un choc électrique externe et de régler son intensité.
Défibrillateur automatisé externe (DAE) :
– Défibrillateur semi-automatique (DSA) : analyse seul le rythme cardiaque et indique si un choc est nécessaire. Cependant, il faut que le secouriste présent délivre ce choc en appuyant sur un bouton.
– Défibrillateur entièrement automatique (DEA): analyse le rythme cardiaque et délivre seul le choc électrique.
Formation : il y a urgence !
Formation arrêt cardio-respiratoire pour les professionnels :
Créée par l’arrêté du 3mars 2006, l’AFGSU, attestation de formation aux gestes et soins d’urgences possède trois niveaux.
AFGSU 1 : pour le personnel travaillant dans les établissements de santé
AFGSU 2 : pour les professionnels de santé
AFGSU NRBC (3) : pour les professionnels de santé, gestion des risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique.
La validation de chaque niveau est nécessaire à l’obtention du prochain. Cette formation a une validité de 4 ans, au-delà elle est repassée intégralement. Elle doit donc être renouvelée durant la carrière. Cependant, l’obtention du niveau 2 n’est obligatoire que depuis 2007 et seulement en formation initiale pour les étudiants paramédicaux et médicaux. C’est-à-dire, nécessaire afin d’obtenir le diplôme. Pour les IFSI, cela concerne les nouveaux diplômés à partir de 2010. Son renouvellement lui n’est pas une obligation légale.
La maitrise de ces gestes est pourtant indispensable à une réanimation optimale.
Pour les étudiants infirmiers, la formation peut se dérouler en 2 temps, niveau 1 (12h) puis niveau 2 (9h). Mais le plus souvent, elle est dispensée en une seule fois, niveau 1+2 pour une durée de 21h. Durant ces trois jours, l’enseignement alterne la théorie (40%) et la pratique (60%) avec la mise en application des gestes de secours. Le formateur « AFGSU » est un personnel soignant habilité par le centre d’enseignement aux soins d’urgence (CESU).
Formation arrêt cardiaque pour le grand public :
A ce jour moins d’1 Français sur 3 est formé aux gestes d’urgences. Depuis 2016, apprendre à porter secours se fait tout au long de la scolarité avec des sensibilisations aux gestes qui sauvent en primaires, puis avec la formation « prévention et secours civiques » de niveau 1 (PSC1) au collège.
Cette formation est obligatoire dans certaines professions, comme celles au contact des enfants et recommandée dans les professions d’accueil ou d’encadrement du public.
Cependant nous sommes encore loin des recommandations nationales qui visent 80% de la population formées. Il est pourtant essentiel d’intervenir au plus vite lors d’un arrêt cardio-respiratoire. C’est avec l’augmentation des défibrillateurs automatisés disponibles sur le territoire, ainsi que par l’augmentation de la formation aux premiers secours, que nous pourrons atteindre un taux de survie de 20% à 30% comme dans certains pays d’Europe du Nord.