La pose d’une voie veineuse périphérique (VVP)
Souvent représentée une aiguille à la main, l’infirmière est dans l’inconscient collectif « celle qui pique ». La pose de voie veineuse périphérique est en ce sens, un des soins représentatifs de ce métier, même si bien entendu, il ne se résume pas à cela.
De plus, avec 25 millions de cathéters veineux périphériques posés par an en France, c’est également un acte incontournable.
Définition et Indications
Il s’agit d’un acte invasif consistant à la mise en place d’un cathéter court dans une veine périphérique. Alternative à la voie orale, il peut être posé pour :
• L’administration de médicaments
• L’apport hydrique / électrolytes
• La transfusion de produits sanguins labiles
• L’alimentation parentérale temporaire, maximum 10jours (en attente de VVC par exemple)
• L’injection de produit de contraste lors d’un examen
Mais quelque soit son indication, il est recommandéde réévaluer l’intérêt de la VVP de façon quotidienne (SF2H 2019).
Cathéter : A chacun sa couleur !
Le cathéter court est un dispositif médical tubulaire en polyuréthane ou en polymères fluorés d’une longueur maximale de 80mm, conformément à la norme européenne NF EN ISO 10555 5.
Son calibre, c’est-à-dire son diamètre, exprimé en Gauge est représenté par un code couleur répondant à une norme internationale.
• Jaune 24G, 22ml/min max.
• Bleu 22G, 36ml/min max.
• Rose20G, 65ml/min max.
• Vert 18G, 103ml/min max.
• Gris 16G, 196ml/min max.
• Orange 14G, 343ml/min max.
Le choix du cathéter se fait selon l’indication de la VVP et le calibre de la veine du patient.
Cadre Légal de la pose et du retrait de la voie veineuse
Sa pose et son retrait relève du rôle prescrit de l’infirmier selon l’article R4311-7 du Code de la santé publique (décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004). Il est à noter que même si la veine jugulaire externe est superficielle, l’infirmier est habilité à poser une VVP seulement sur les veines situées sur les membres et sur le crâne (veines épicrâniennes chez l’enfant).
La surveillance du cathéter relève du rôle propre de l’infirmier d’après l’article R4311-5 du Code de la santé publique.
Cependant, ce geste n’est pas réservé aux infirmiers et infirmiers spécialisés. En effet, sur prescription médicale, les sages femmes (Article L4151-3 du CSP) et les manipulateurs d’électroradiologie médicale (Article R4351-2 du CSP) sont également habilités.
De la théorie à la pratique : un parcours semé d’embûche
Tout commence avec la découverte de la circulation sanguine, décrite par le médecin anglais William Harvey en 1628. Moins de 30 ans plus tard, le savant britannique Sir Christopher Wren pratique la première « infusion » sur un chien, à l’aide d’une plume d’oie et d’une vessie de porc. Il expérimente « une voie d’introduction des substances liquides dans la masse sanguine ».
L’injection intra veineuse est née !
Cependant, les complications se multiplient. Dès 1667, le médecin italien Francesco Redi observe que les animaux meurent quand une veine est ouverte et que l‘air peut entrer. Le mécanisme de l’embolie gazeuse sera démontré en 1839. En 1778, le Dr Regnaudot décrit « qu’en général les injections donnent d’abord un frisson, une élévation de température ».
L’embolie gazeuse, l’infection mais aussi, les thromboses, les blessures de veines et la perfusion extra veineuse font que la méthode sera abandonnée. L’injection et la transfusion furent même interdites par le Parlement de Paris en 1670 qui les estimait trop dangereuses.
L’asepsie avec le lavage des mains en 1846 (Dr Semmelweiss) et la stérilisation des instruments en 1877 (Pasteur) fût essentielle pour la maitrise du risque infectieux, et de ce fait, la diminution des décès.
C’est au fil du 20ème siècle que les techniques et le matériel évoluent afin d’assurer la sécurité du patient. La sécurisation des dispositifs à aiguille se fera dans les années 1990/2000 dans le but de prévenir les accidents d’exposition au sang (AES) pour les soignants.
La formation
Pour l’étudiant infirmier, la pose de voie veineuse périphérique fait partie de l’unité d’enseignement UE4.4 S2 (Thérapeutique et contribution au diagnostic médical). Ce soin nécessite de faire des liens entre les notions techniques, les règles d’ergonomie, d’organisation et les principes d’asepsie.
L’apprentissage est progressif en relation avec la complexité du soin. En effet, il ne s’agit pas seulement de la pose de cathéters courts, mais également de leur surveillance, et retrait. La préparation des thérapeutiques et la gestion de la ligne de perfusion mais aussi la transfusion sanguine sont directement liés à ce geste et font partis du même module d’enseignement à l’Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers).
La réalisation de travaux pratiques et parfois même la simulation permettent de s’entrainer afin ne pas effectuer ce soin pour la première fois chez un patient.
Ce geste fréquent n’est pas anodin. L’histoire nous a montré que les complications sont nombreuses. A ce jour, les infections sont encore fréquentes. Il est du rôle propre de l’infirmier de surveiller le site d’insertion. Des supports d’évaluation standardisés sont d’ailleurs disponibles, comme l’échelle de Maddox ou l’EPI (Echelle de surveillance du Point d’Insertion), afin de surveiller, d’anticiper et ainsi prévenir le risque.
Si la technique et le matériel sont aujourd’hui aboutis, l’évolution du geste passe par le respect des bonnes pratiques.