Les différents lavages des mains

Se laver les mains : Comment et pourquoi ?

Mai 2020, « se laver les mains » résonne aujourd’hui en permanence dans nos têtes…En effet la crise sanitaire mondiale que nous vivons avec la pandémie du COVID 19 a rappelé l’importance et la nécessité des mesures d’hygiène et surtout du lavage des mains fréquents. Ce lavage des mains qui était le quotidien des soignants devient aujourd’hui le quotidien de TOUS !

Le lavage des mains d’hier à aujourd’hui

En 1846, Louis Pasteur n’a pas encore découvert l’influence des microbes et de l’infiniment petit. À l’époque, on croit que ce sont les mauvaises odeurs dans l’air qui répandent les maladies. Plusieurs savants déconseillent même d’ouvrir les fenêtres, par mesure d’hygiène…

Ignace-Philippe Semmelweis (1818-1865) démontra l’utilité du lavage des mains entre deux actes médicaux. Cela, après la dissection d’un cadavre et surtout avant d’effectuer un autre soin ou intervention, tel qu’un accouchement. Mais le lavage à l’eau et au savon ne suffit pas. Semmelweis impose un lavage des mains de cinq minutes avec une solution d’hypochlorite de calcium (Chlorure de Chaux). Ce entre le travail d’autopsie et l’examen des patientes, puis l’étend à l’ensemble des examens qui mettent les médecins en contact avec de la matière organique en décomposition.

lavage de main

Pour la médecine, un grand pas vient d’être franchi. Pour le bon docteur Semmelweis, les ennuis commencent…se confrontant à une hiérarchie qui ne sera pas du même avis. Dès le début, les résultats sont spectaculaires. En avril 1847, pas moins de 18% des patientes des médecins trouvent la mort. Après l’introduction de ce lavage de mains, à la mi-mai, la mortalité baisse à 1 %. 

Apparemment, Semmelweis a frappé dans le mille. Ses soupçons se confirment en 1847, lorsqu’un collègue médecin meurt de septicémie après s’être coupé avec un scalpel ayant servi à disséquer un cadavre. Semmelweis en profite pour exiger que l’on nettoie aussi les instruments après chaque utilisation.

Le lavage des mains devient alors enfin un réflexe indispensable pour le soin. Le lavage à l’eau et au savon sera réintroduit début du XXème siècle pour les contacts ne nécessitant pas de désinfection des mains mais un lavage simple. La désinfection des mains restera d’actualité en tenant compte de l’état cutané des mains du soignant cette fois-ci. C’est l’arrivée des savons antiseptiques, puis fin du XXème, l’arrivée de solutions hydroalcooliques.

Se laver les mains : Avènement de la Solution Hydroalcoolique dans le quotidien des soignants

A la base du parcours menant à la création du gel hydroalcoolique se trouve une question simple : comment le personnel soignant peut-il se laver les mains plus efficacement ? 

En 1992, au cours de ses études de médecine, alors qu’il se spécialise dans les maladies infectieuses, le médecin épidémiologiste de l’Hôpital Universitaire de Genève, Didier Pittet, s’intéresse à la question des infections liées aux cathéters intraveineux, responsables de 20 à 30 millions d’infections hospitalières par an. 

Avec l’aide d’une équipe de quatre infirmières, il commence à mener au sein de son propre hôpital, à Genève, une enquête sur le nombre d’infections contractées sur place : près de 18 % des patients en seraient victimes. Ils découvrent alors que les infections sont dues pour l’essentiel à l’impossibilité pour les praticiens de se laver les mains à l’eau et au savon antiseptique aussi souvent que nécessaire, notamment en raison du manque de temps. 

Pour bien faire, une infirmière devrait en effet se laver les mains avant chaque manipulation : concrètement, elle a donc environ 22 occasions par heure de le faire, chaque lavage de mains durant en moyenne 2 min. Matériellement, la méthode est impossible, et les mains sont lavées près de 40 % de moins qu’elles ne devraient l’être. Face à cette incohérence, monsieur Pittet entrevoit une solution : il faut utiliser de l’alcool, un puissant antiseptique. 

Le pharmacien des Hôpitaux universitaires de Genève, William Griffiths, se trouve être un spécialiste des solutions alcoolisées. Depuis plusieurs années déjà, il travaille à la création d’une solution alcoolique pour les mains. En 1995, grâce à cette rencontre, le gel hydroalcoolique est né. Avec le gel hydroalcoolique, la friction des mains avec l’alcool est non seulement plus rapide qu’un lavage de mains classique, et aussi efficace quand il s’agit de se débarrasser des bactéries et autres virus.
Plusieurs tests seront réalisés ensuite pour rendre cette solution plus « douce », afin de ne créer aucune réaction allergisante et limiter l’irritation cutanée. Ce n’est que dans les années 2000, en accord avec l’OMS que la solution hydroalcoolique s’offrira également au grand public.

Mais en est-il de même pour le grand public ?

L’installation de l’eau courante et du tout-à-l’égout, avec l’invention du robinet a été une évolution importante pour la promotion du lavage des mains dans les habitations. Auparavant, cette activité avait lieu à l’extérieur des lieux d’habitation

Aujourd’hui encore, malgré ces systèmes, le lavage insuffisant des mains est à l’origine de plus de 50 % des infections d’origine alimentaire en France. Pourtant, le lavage des mains au savon, en particulier après être allé aux toilettes ou s’être occupé de la couche de son enfant peut réduire l’incidence diarrhéique de 42 % à 47 %.

L’observation nationale de personnes dans les toilettes publiques révèle que 14,6 % des hommes ne se lavent pas les mains du tout, versus 7,1 % des femmes. Quand ils se lavent les mains, seuls 50,3 % des hommes utilisent du savon, versus 77,9 % des femmes. Les gens prétendent qu’ils se lavent les mains régulièrement, mais les études scientifiques montrent le contraire : alors que 92 % des mobiles sont recouverts de bactéries, 16 % sont contaminés par des bactéries fécales de type Escherichia coli.

Il est important de rappeler que la difficulté reste plus grande dans les pays en voie de développement qui manquent notamment de points d’eau en quantité suffisante que ce soit dans le domaine médical ou public.

A chaque soin son lavage

Revenons à notre profession de soignant. Il existe aujourd’hui dans le monde médical 3 différents lavages des mains, chaque lavage correspondra donc à une activité de soins. 

• Le lavage simple : Comme son nom l’indique tout est simple, de l’eau et du savon doux et une action mécanique suffiront pour ce lavage. Mais pour qu’il soit efficace, nous n’oublierons pas qu’il faut savonner correctement sans oublier ongles et espaces interdigitaux. Le rinçage doit être complet et pour ne pas se souiller immédiatement, le soignant a pris l’habitude en se séchant de fermer le robinet d’eau avec le papier de séchage à usage unique. La friction dure 1 minute et élimine les salissures et réduit la flore transitoire et doit être utilisé entre chaque repas pris, à l’arrivée et à la sortie du service etc. 

• Le lavage antiseptique ou hygiénique : Ce lavage des mains sera réalisé avec un savon antiseptique à la place du savon doux, l’action sera mécanique également avec un rinçage et séchage parfait. Si le savon antiseptique n’est pas présent dans votre unité, il vous suffira alors d’effectuer un lavage simple des mains avec le savon doux, puis après séchage complet, il faudra réaliser une désinfection des mains au Gel hydroalcoolique. Ce lavage doit être réalisé avant et après chaque soin, au contact d’un risque de contagion manuportée également. La friction sera cette fois-ci de 3 minutes, on peut ainsi supprimer les germes transitoires et réduire les germes résidants. 

• Le lavage chirurgical : Ce type de lavage concerne tout soignant participant de façon stérile à une chirurgie (Chirurgien, interne en chirurgie, IDE, IBODE…). L’action de ce lavage est identique au lavage antiseptique mais de façon plus « poussée ». Pour ce lavage, l’étape de friction dure au minimum 5 minutes et inclut les avants bras. A noter que selon les recommandations du CLIN (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales) les ongles seront également brossés, mais une seule fois par « tranche horaire », si aucune salissure n’intervient entre deux interventions.

lavage main gel hydroalcoolique

Désinfection des mains et COVID 19

Pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, l’usage de gel hydroalcoolique est recommandé. C’est, avec le masque chirurgical, l’objet le plus à la mode du moment. Les étals des pharmacies comme des supermarchés ont été vidés du moindre flacon de gel hydroalcoolique. 

La peur d’être infecté par le Coronavirus (Covid-19) a transformé ce produit pourtant simple à fabriquer en une denrée rare, au point que le gouvernement a dû encadrer les tarifs en annonçant un plafond de 3 euros les 100 ml. Cela dès le 5 mars pour éviter toute spéculation. Ces dispositions ont été reprises dans le décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. 

Le Gel hydroalcoolique ou solution hydroalcoolique (SHA) est donc indispensable au quotidien des soignants. Cette solution est également nécessaire au grand public dans le cadre de cette crise sanitaire pour augmenter la fréquence des lavages lorsque savon et eau ne sont pas à disposition immédiate. Effectivement, rappelons qu’un lavage des mains au savon et à l’eau, dans la vie courante, reste la meilleure solution pour éviter la propagation manuportée d’un virus et permet l’économie de ce produit devenu si précieux au domaine médical et paramédical. Enfin, on ne peut désinfecter correctement nos mains que si ces dernières sont sèches et propres !

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